
Noël au soleil – Tauranga – Raglan
Journal de bord
Nous sommes le 24 décembre, il fait beau et chaud, et je suis de retour à Tauranga.
John, le président du club (un anglais de Jersey, qui a émigré depuis plusieurs décennies, et qui a deux jobs : un dans les télécoms en Angleterre, et un de dealer de foin en Nouvelle-Zélande (non, pas de la drogue, littéralement, il vend des roundballs)), n’a rien de mieux à faire la veille de Noël que de m’accompagner sur l’eau.
Anna nous rejoint, elle fait des ronds dans l’eau avec sa planche, pendant que John me coache pour faire décoller et atterrir mon foil.
On se prend l’aileron dans les bancs de sable et on passe mal de temps à marcher et discuter à cause du vent et de la marée, mais la mission est accomplie.
On se souhaite un joyeux noël, et on se donne rendez-vous le surlendemain pour continuer à faire du foil.
Je regagne ma place de camping dans le parc de Kulim, en bord de mer. De nombreuses familles profitent des derniers rayons du soleil. Moi, je cuisine mon repas du réveillon; il y a assez peu de cultures qui célèbrent le 24 au soir.
J’ai fait le tour des magasins, avec pour but de me reconstituer un repas français : un genre de “foie gras éthique” à 14$, en fait une mousse de canard hors de prix, du mauvais fromage, un excellent saumon fumé local, du pain médiocre, du chou kale du camping de Raglan. Un tour à un marché des producteurs me fait rencontrer des producteurs hongrois qui font de la saucisse sèche, et qui me voient arriver à des kilomètres. “Vous êtes française non ? C’est comme du saucisson !”.
Ca m’a coûté une fortune, mais le réveillon avec vue est imbattable.

C’est Noël, et je me rends chez Anna et Diego. Nous sommes invités chez un collègue d’Anna, un kiwi. J’arrive avec mes chocolats emballés dans un papier couvert de kiwis. Toute la famille est là… et nous aussi.



Au menu, le traditionnel barbecue de Noël.
Anna a fait du schnaps maison : c’est-à-dire, de la vodka arrangée à la mandarine et au fenouil. On honore la tradition suédoise, on chante des chansons à boire suédoises de Noël (oui, c’est très précis). On joue à Kubb, un jeu qui ressemble au Mölkky.
On fait un tour à la plage, on saute dans les vagues. J’ai mis ma plus belle chemise : des planches de surf et des pères Noël.

On termine l’après-midi dans le jacuzzi. Et soudain, il est déjà 10 heures du soir, alors Anna et Diego me ramènent chez eux. Dans l’allée qui mène à leur maison, on rencontre leurs voisins qui font la fête. Au final, il est 2h du matin lorsque l’on rentre.
Diego me dit au revoir lundi matin. “Au revoir seulement, et pas adieu, car tu es le boomerang de Tauranga : tu reviens toujours”.
Avec Anna, on part au port pour tenter de faire de la planche. Assises sur le bord avec John, on attend que le vent s’établisse. On connaît la chanson : on attendra deux heures pour rien. Ça fait partie du jeu.
Nous avons tout de même fini par apprendre que John est le président du club certes, mais également de la fédération néozélandaise de planche à voile. Ceci explique cela !
“Reviens faire du foil !” me dit-il encore, après m’avoir donné les contacts des clubs de windsurf sur l’île du sud.
Cela devient de plus en plus difficile de quitter les copains !
Je retourne à Raglan, un détour de 2h de route. Ryan m’a invitée à faire du woofing dans sa ferme pour quelques jours, et en profiter pour faire du surf. Impossible de dire non !
Ryan est né et a grandi à Raglan. Il a appris à faire du surf à Ngaranui quand il était tout petit. Il se tatoue les animaux qu’il rencontre : un ruru (une chouette locale, je vous laisse deviner son cri), une baleine, une raie.
Il est à peine plus âgé que moi, mais a déjà acheté un terrain agricole, sur lequel il vient de faire poser une tiny house. Elle est encore en travaux, il vit sous tente en attendant.
Au lycée, il a placé 1000$ dans la bitcoin, et a vendu au bon moment pour pouvoir s’acheter son lopin de terre, où paissent quatre vaches qu’il vendra, et où poussent les bananiers le long d’un étang.
Il donne quelques cours de surf et conduit des navettes de temps à autres pour compléter.
Il me fait faire le tour de sa propriété, si fier de son système d’irrigation qui ne fuit plus, de son verger, et de la douceur de vivre dans les collines.
On pose trois dalles en béton, et tout le travail s’arrêtera là.



On se baigne dans l’étang, on va faire du surf. Il me montre Boneyard : le spot caché à côté de Manu Bay. Manu Bay est bondé pendant la saison, alors il est possible d’aller dans la crique voisine, surnommée “l’Ossuaire” car elle récolte régulièrement les tibias des surfeurs qui s’écrasent sur ses rochers.
On part faire un sauna dans un lieu emblématique de Raglan, fréquenté par les hippies venus faire des cercles de tambours chamaniques. On est quinze en rang d’oignons dans le sauna avec une baie vitrée qui donne sur la vallée. Un maori gigantesque, dont les dreads sont enroulées en chignon, secoue une serviette au ras de nos visages pour diffuser les vapeurs des huiles essentielles qu’il vient de jeter sur le poêle, tout en annonçant leur nom à haute voix “Mandarine ! Romarin ! Gingembre !”.
Le bac d’eau froide dehors est rempli de gros blocs de glaces.
Lorsque l’on rentre à la ferme, je cuisine et on mange le poisson qu’il a pêché le matin dans des feuilles de bananier en regardant les étoiles.
Il me fait un sac de légumes et de verdure pour la route.
Le lendemain matin, je saute dans l’étang en guise de douche, et repars louer une planche de surf. Je recherche les vagues parfaites sur l’horizon à Manu Bay.
Cette semaine-là, je découvre les vagues de Raglan dans leur forme la plus pure : définies, parfaites, gigantesques, avec une période de 20 secondes. Le rêve de tous les surfeurs.

Une session photo plus tard, et je saute à nouveau dans mon van : New Plymouth m’attend !
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