
Almost heaven, Akaroa (Partie 2 – Aventures)
Journal de bordJe n’étais censée rester que quelques jours mais… je ne vois aucune raison de quitter Akaroa. Je dors dans mon van dans le paddock attenant à la maison. Outré par la simple idée que je puisse manger de la soupe industrielle dans sa demeure, Roy entreprend de me cuisiner de somptueux dîners tous les soirs (un thème récurrent chez les kiwis qui m’accueillent…), accompagnés de cocktails (Point bonus pour le french sidecar et le Nuts&Berries).

Je travaille une ou deux heures le matin, au potager, au ménage, un peu de bricolage. C’est beaucoup moins stricte et contraignant qu’à Marahau, et je suis contente de rendre service.
Je passe en général mes après-midi à naviguer, mais je pars également à l’aventure.
Une fois le weekend de Waitangi passé (la fête nationale, le 6 février, étrangement douce-amère, et qui ne donne lieu à aucune célébration…), c’est l’arrière-saison. Les enfants rentrent à l’école, et pourtant, il reste encore un mois d’été (vous imaginez, vous, la rentrée au mois d’août ?!). Du coup, quand j’explore les baies attenantes à Akaroa, tout est désert. La route est longue, il faut sortir de la vallée, passer par-dessus le bord du cratère, et redescendre sur l’autre versant. Pour ma première expédition, je choisis little Akaloa, juste pour le nom : je suis curieuse de découvrir la petite sœur. Il n’y a rien là-bas, à par quelques maisons de vacances, un terrain de camping, et des ermites qui vivent dans des fermes. Mais la plage est magnifique, et je me prélasse avec bonheur avec mon livre au soleil.

Danielle meurt d’envie d’aller visiter une ferme d’alpagas, sur l’autre rive, face au port, mais à 30 minutes de route. Quand j’apprends que la visite inclut des câlins aux douces bestioles, je suis déjà dans la voiture.
Après quelques explications, on traverse l’enclos des mâles, les plus doux et les plus sympathiques (les femelles sont plutôt des vieilles biques caractérielles, c’est très misogyne). C’est un peu comme des hippogriffes, il faut se présenter de face, se mettre à leur hauteur pour ne pas les surprendre, et ensuite seulement on peut les enlacer.
Ça ne m’a fait ni chaud ni froid, comme vous le constaterez.



Le second enclos, c’est celui des bébés. Les nouveaux nés sont déjà immenses, et la durée de gestation peut grandement varier : la femelle ne mettra bas qu’un jour ensoleillé, avec une température suffisante. En attendant, ça peut durer des semaines, voire des mois.

J’apprends aussi que leurs couleurs sont totalement aléatoires, impossible donc de sélectionner les parents pour espérer une lignée d’une certaine couleur…

La visite se termine dans l’enclos des femelles, que l’on peut nourrir pour se rendre sympathique (c’est misogyne, vous dis-je). Danielle a une expérience formidable avec les alpagas. Moi, je me fais foncer dessus par trois ou quatre bestioles, qui en veulent après mon bol de nourriture.

Ma préférée, c’est Fleur.

Je ressens également mon premier tremblement de terre depuis que je suis arrivée. C’est au large de Wellington, mais assez fort pour qu’on le ressente jusqu’ici. Je suis seule dans la maison, et pas forcément rassurée.

Roy m’a à la bonne. Pour cause, on passe des heures à parler (ok, les cocktails aident), et on ne voit pas le temps passer – jusqu’à 3 heures du matin, (ou une fois, 5 heures (oups)). On part marcher la nuit, comme Bonnie&Clyde, pour faire des raids dans les arbres fruitiers des voisins en vacances. Akaroa est le genre de petit village où toutes les maisons ou voitures sont ouvertes; alors, on doit bien représenter 98% de la délinquance.
Il me fait rencontrer un de ses amis, qui travaille en Antarctique six à sept mois par an, et qui me raconte la vie dans la base, là-bas, ce que je trouve fascinant.

Les jours de pluie, comme on ne peut pas naviguer, Roy m’emmène randonner, à Hinewai ou Pigeon’s bay. A part le crime et la randonnée, on se découvre d’autres passions communes : Star Trek, et le backgammon.
Bref, comme il m’aime bien, et que c’est un peu la mafia d’Akaroa, il me fait inviter à un évènement au yacht club, et surtout, chez Pohatu Penguins. C’est un organisme de conservation qui organise des visites de la colonie des pingouins bleus, et qui possède également un centre de réhabilitation.
Toutes les visites sont complètes – ou annulées en raison d’une tempête (on est sortis avec le bateau dans 5 mètres de houle, oupsie), alors je me rends directement chez Avril, qui m’emmène nourrir les pingouins du centre.
Les pingouins passent par une période de mue, où ils perdent leurs plumes – et donc leur capacité à flotter – pendant environs deux semaines. Pour survivre à cette période où ils ne peuvent se rendre en mer, ils doivent donc chasser énormément dans les semaines précédentes et faire des réserves. Certains n’ont pas pris assez de poids, et sont donc condamnés. C’est là que l’équipe de Pohatu intervient, car il s’agit d’une espèce menacée, et chaque individu compte. En cas de décès, ils ont droit à une petite cérémonie et sont enterrés dans la colonie. Ce sont des taongas, un trésor de la Nouvelle-Zélande.
Avril les nourrit de sardines fraîches; il y a des juvéniles abandonnés (dont les parents ne sont pas revenus), et des adultes souffrant de malnutrition.







C’est un moment très spécial. Ce à quoi j’assiste n’est absolument pas ouvert au public, et j’en suis très honorée.
L’organisme fonctionne grâce aux dons; vous pouvez choisir pour quoi sera utilisé votre argent. Ce qui les aident en ce moment… c’est de payer les bénévoles !

Avec les copines de l’équipage, on part se faire lire les lignes de la main chez une diseuse de bonne aventure. Il paraît qu’elle est célèbre, et que les gens viennent de loin pour la consulter. On ne sait quoi en penser, à part qu’il s’agit sans doute d’un numéro de mentalisme, mais au final, on a passé un bon moment.
Elles profitent de mon van, je suis la seule à avoir le permis et/ou une voiture, et elles ont ce que les saisonniers ici appellent la fièvre du cratère : cette envie de sortir de la baie et de s’échapper. Mais ce n’est pas des plus simples, il n’y a qu’un bus qui passe deux fois jour pour vous emmener à Christchurch, et ne songez même pas à vous rendre dans les autres baies !

Je sais (relativement) naviguer sur un voilier classique. Ici, il faut tout reprendre à zéro : oubliez les enrouleurs de voiles et les winchs, tout se fait à la main, avec des bouts souples, qui ne nécessitent pas de gants. J’apprends à utiliser non pas ma force, mais tout mon poids. C’est une navigation à l’ancienne.
Jess me fait réviser mes nœuds marins. Elle est galloise, et a des biceps à faire pâlir un rugbyman; quand elle s’ennuie, elle fait des tractions dans les haubans. Elle joue aussi merveilleusement bien de la guitare et a une très belle voix, quand vous avez la chance de l’entendre chanter.
En échange, je lui apprends le crochet, lui donne un cours de piano. Je lui donne mon livre dans lequel j’ai appris à dessiner durant le mois de janvier.

Une seconde Daisy vient s’ajouter à l’équipage, anglaise également.
Pour compliquer les choses, elles sont presque cousines : le grand-père d’une des Daisy est un très bon ami de Roy, et s’est récemment remarié à une femme, qui a une petite-fille… l’autre Daisy.
J’aime travailler avec elle; les jours où nous ne sommes que toutes les deux sur le navire, elle a beaucoup de patience, et je gagne en efficacité. Croyez-le ou non, mais une fois, on s’est topé dans la main, et un dauphin a sauté en même temps. Magique.

Les jours s’enchaînent, avec la douceur de vivre sur l’eau, de voir des dauphins tous les jours, de bien manger, bien boire, et surtout rire.
Akaroa et Ibiza, même combat. On passe des soirées sur le bateau avec l’équipage, profitant de belles soirées d’été.
Un soir où nous sommes restés nager au mouillage, on reçoit un appel à l’aide d’un jetski en panne. Il n’y a pas de sauveteurs dans la baie, donc il faut compter sur la solidarité des gens de mer. On commence à prendre le large, en se disant que le jet-skieur va penser être mort et être arrivé au paradis, lorsqu’il va voir cinq filles en bikini au coucher du soleil venues lui porter assistance. Heureusement, un bateau à moteur bien plus rapide prend la mer, et nous, on peut retourner à notre apéro.

Le jour de la Saint-Valentin, on fait la fête chez le capitaine. Je fais des galettes et des crêpes. On sort les guitares (le tube, c’est Bad Moon Rising) on termine la soirée dans le spa. Le capitaine a la belle vie, et personne ne le croira jamais. Je dois séparer Jess et Daisy qui ont entrepris de faire un match de catch sur les crêpes. A ce jour, on ne sait toujours pas ce qu’il est advenu des crêpes restantes…

Avec une des Daisy, on décide de partir en randonnée pour admirer le lever du soleil du haut de Stoney Bay Peak. Il faut partir à 4h30, et on part sous les étoiles (filantes ou non). Il fait étrangement chaud. Comme il fait noir, on prend le mauvais chemin, et on perd du temps… Il va falloir accélérer dans la montée pour ne pas louper l’aurore. Une cigales tombe dans les cheveux de Daisy, et je dois la repêcher. On se fait peur avec les cris des opossums dans les fourrés.

Et puis, finalement, alors qu’on ne pensait pas y arriver à temps, on gagne le sommet à l’aube, à 800m d’altitude. Il fait extrêmement froid sur ce versant de la montagne, alors nous prenons le petit déjeuner dans un creux de rocher pour échapper aux bourrasques glacées. Je regrette d’avoir laissé la british s’occuper de la nourriture. On mange un œuf sur le plat froid avec un avocat sur des toasts sans gluten humides. “A sad sandwich in the sunrise”, qui devient l’un de nos meilleurs souvenirs.




Avant d’entamer notre descente, on s’allonge dans l’herbe au soleil, et on regarde l’océan pacifique et les nuages qui se meuvent en contrebas. L’instant est parfait, et je ne voudrai échanger cet endroit pour rien au monde.

Je pars découvrir Okain’s bay, avec son petit musée très, très complet sur la vie dans la péninsule, d’abord celle des maoris – puis les premiers colons. Il donne une très bonne idée de ce que ça impliquait d’émigrer en Nouvelle-Zélande au 19ème siècle, et de choisir de s’isoler sur ce petit bout de péninsule… Car s’il faut déjà une demi-heure en voiture pour sortir du cratère d’Akaroa et se rendre dans une autre baie, je vous laisse imaginer combien de temps il fallait quand ils n’avaient que des chevaux. Et pas de routes. Et qu’ils étaient seulement reliés au reste du pays par bateau, sachant que la jetée qu’ils ont construite n’avait de cesse d’être emportée par les tempêtes…

Le minuscule hameau d’Okain’s bay semble déjà bien inhospitalié de nos jours… En revanche, moi, je me vois bien vivre à Akaroa.
Les bons plans de l’héliotrope :
Si vous n’avez quelques jours devant vous, pas la peine de visiter les autres baies d’Akaroa. Il y a de belles randonnées à faire déjà sur place :
- la Curry Track & Purple Peak, ma randonnée préférée
- Heritage Park Walk
- Hinewai, cette réserve naturelle est dotée de dizaine de randonnées. Faites un tour des cascades !
- Ridge walk, qui vous emmène au sommet, le long des falaises, et avec une vue vertigineuse sur l’océan
- Nicau Palm Gully (attention, le départ de la randonnée est derrière les bâtiments de la ferme, ne suivez pas le panneau “Track”, qui indique le chemin de la Banks Peninsula Track).
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