La grotte de Waipu : voyage dans le ventre de la Terre

Je quitte la maison de Mary et David. Ils attendent d’ailleurs gentiment que je parte pour commencer à nettoyer leur maison et faire leurs valises. Ils commencent un marathon de Noël, et c’est vrai que je n’avais pas réalisé la chose suivante : dans l’hémisphère nord, notre année est coupée en deux. Le gala de danse, la kermesse de fin d’année, le barbecue annuel de votre entreprise, on fait ça en juin. Ici, c’est tout à la fois, avec Noël et Nouvel an en plus. Autant vous dire qu’ici, les gens sont épuisés à cette période.

Je reprends la route, sous une pluie battante. J’ai le moral qui dégringole en même temps que le baromètre. Je suis triste de les quitter.
Je conduis, direction Tauranga… encore ! Je retourne faire de la planche à voile ! Ou, plus précisément, du foil ! C’est un détour sur ma route, mais un détour qui vaut la peine, car les leçons de foil sont gratuites ! (Enfin, pour moi, je leur suis très sympathique au club de windsurf, et ils aimeraient bien me garder).
Je vais finir par m’y installer définitivement. L’ambiance est légère, jeune, hipster, avec un spot de surf d’un côté, et de planche à voile de l’autre, où je navigue au milieu des raies.
J’en profite pour revoir mes copains du salon de l’agriculture, qui habitent dans les parages, et m’hébergent dans leur allée de jardin.

Je revois également Anna, une copine de planche à voile, qui m’invite pour Noël. On passe la soirée ensemble, je leur fais des galettes et des crêpes, on boit du mauvais cidre, c’est une belle fête.

Le dimanche matin, j’aurai dû reprendre la route plus tôt, mais je suis restée sur le rivage pendant quelques heures, à attendre que peut-être, le vent se lève pour retourner faire du foil. Je discute avec les autres membres du club, et je découvre qu’ils sont tous semi-professionnels, ou l’ont été, ou sont classés au niveau international. Bref, je pèse dans la mafia locale de la planche à voile.

Le vent ne s’est jamais levé ): (mais je reviendrai à Tauranga pour Noël et faire encore du foil ! Spoiler alert !) mais le temps s’améliore, alors je reprends le volant, car je dois monter, loin, très loin au Nord, dans Bay of Islands !
Pourquoi retourner sur mes pas ? Eh bien, pas pour de la planche à voile (cette fois) mais pour du voilier !! (je suis tellement prévisible).
La route vers le Nord est longue, sinueuse, très fatigante, alors je fais des étapes. Je dors à nouveau sur le parking de la marina près de Whangaparoa (ma première nuit en van), qui a toujours les plus beaux couchers de soleil.

Une autre nuit dans une réserve marine, avec une petite crique déserte, près de Whangarei, et puis je m’arrête voir les vers luisants dans la grotte de Waipu.

Une note sur les vers luisants : les grottes de Nouvelle-Zélande en sont remplies. Les plus impressionnantes sont apparemment celles de Waitomo. Problème, ils font payer l’entrée entre 60 et 80$ NZD, et c’est peut-être très joli, mais je préfère mes vers luisants sans capitalisme. Il y a certains animaux qu’on ne peut voir qu’en payant des excursions, les vers luisants n’en font pas partie. Alors je décide de prendre l’option de la plèbe, et de partir à l’aventure dans la grotte de Waipu. Elles sont indiquées, et un parking est aménagé. En revanche, la civilisation s’arrête là.
Il y avait du monde sur le parking, alors je pensais qu’il y aurait également des gens dans la grotte.
Réponse : non. Il a énormément plu récemment (vous vous rappelez ?) et le chemin pour s’y rendre est une vraie patinoire. Je ne suis pas arrivée à la grotte que je suis déjà sur les fesses, et pas à cause du spectacle.
Je retire mes chaussures pour moins glisser, pataugeant dans la gadoue.

Dans la grotte, il fait nuit noire, et il faut descendre les rochers, et traverser une petite rivière. En plongeant mes orteils dans l’eau glacée et sombre, je ne cesse de me répéter qu’il n’y a pas de serpent en Nouvelle-Zélande, pas de serpent en Nouvelle-Zélande, pas de serpent en Nouvelle-Zélande, pas de serpent en Nouvelle-Zélande.
Je me fie aux traces de pas dans la boue pour trouver mon chemin dans la pénombre. Je suis parfaitement seule dans une grotte obscure, les pieds nus dans une rivière souterraine, et je ne vais pas vous cacher que moi et ma lampe de poche, on a les chocottes.
Enfin, après un méandre et m’être éloignée de l’entrée de la grotte, je vois les vers luisants. Les photos (difficiles à prendre, sans trépied) ne leur rendent pas justice. Mais je vois les constellations qui s’accrochent au plafond, une étrange copie de la voie lactée.

Ca vaut la peine d’être couverte de boue et les pieds dans l’eau glacée.
En remontant, j’aiguille des touristes qui sont déjà tombés dans la gadoue, et leur conseille le chemin à prendre. J’avertis une famille sur le parking que peut-être il serait sage de laisser mémé dans son fauteuil.
Les robinets des toilettes du parking servent à faire la lessive de tout le monde.
C’était une chouette aventure.