
Turangi, Tongariro, et Ti punch
Journal de bordAlors que je me prépare à prendre la route pour Turangi, où je dois aller travailler en woofing dans une ferme maori, celui-ci est annulé au dernier moment ! Pas de chance, et les dates qu’ils me proposent en remplacement ne fonctionnent pas : en effet, je dois partir en bateau la semaine suivante !

Heureusement, vous savez qui habitent également à Turangi ? Mais oui ! C’est David et Mary, mon tonton et ma tata de Nouvelle-Zélande !
Rappelez-vous, ils m’avaient secourue au Cap Reinga !
Quelques sms plus tard, je suis cordialement invitée à passer la semaine chez eux.
Ils habitent normalement Wellington, mais en ce moment, ils habitent plutôt dans leur maison sur le lac Taupo.
C’est ce qu’on appelle un “bach” (prononcez “batch”, comme dans Benedict Cumberbatch) : une maison de vacances, d’ordinaire construite de bric et de broc, un genre de bungalow de weekend. C’est là où le fun se passe en Nouvelle-Zélande, et quand vous êtes invités à aller au bach, vous vous rendez au bach !
La maison de David et Mary n’a rien d’un bungalow, avec son sauna, son bar, sa cuisine toute équipée, et sa connexion à la fibre ! Elle a une vue imprenable sur le lac Taupo, et il y fait bon vivre.
David est cinéaste, et réalise des vidéos afin de donner des ressources pédagogiques aux instituteurs et professeurs, notamment sur la culture Maori.
Mary est graphic designer, et maintenant à la retraite, elle fait quelques projets, et surtout, elle peint ! Elle peint les nuages comme moi je peins la mer. J’adore. Son autre passion, c’est la cuisine. C’est vous dire si j’ai été chouchoutée durant cette semaine.
Leur hobby commun, ce sont les cocktails (d’où l’allitération de mon titre, got it ?) . La maison est dotée d’un bar bien fourni, et chaque soir, c’est un verre différent et l’occasion d’expérimenter ! David me prépare un Dark&Stormy avec délectation.
Mary m’emmène en voiture, me fait faire le tour du petit village, me montre ses coins secrets. J’adore ma tata.
Ils sortent également le bateau – enfin, David sort le bateau, le temps n’est pas au beau fixe et Mary n’est pas pour… Mais nous partons à la pêche tout de même !

Ils ont deux enfants, et ils me racontent des anecdotes formidables. Leur chère progéniture a en effet joué dans le premier opus du Seigneur des Anneaux : ce sont des enfants hobbits lors de l’anniversaire de Bilbon.
Lors du tournage de la scène, sa fille de 4 ans a pris une épine dans le pied. Alors qu’elle s’est mise à pleurer, Sean Astin l’a prise dans ses bras et l’a distraite pendant qu’on lui soignait son pied. Lorsque Mary s’est retournée, elle a vu Ian McKellen, en costume de Gandalf, occupé à sortir des pièces des oreilles de son fils.

Leur maison est parfaitement située pour faire la randonnée du Tongariro. Il faut attendre une fenêtre météo (et rappelez vous, il fait un temps de chien depuis mon arrivée, ou presque !) car gravir le volcan peut être dangereux, et si en plus on ne profite pas du panorama… !

Je me lance, il est 5h du matin, et le soleil perce au travers les nuages, inondant la route d’une aube dorée. Je prends cela comme un bon présage.
Les parkings de part et d’autre du volcan sont maintenant limités à 4h, il est donc nécessaire de faire appel à un service de navettes pour y accéder. Elles semblent toutes partir du même parking, et j’ai presque l’impression qu’il s’agit de la même société, malgré des noms différents. Peu importe. D’ailleurs, ne suivez pas les conseils de Google s’il vous propose un raccourci par une petite route de campagne pour y accéder; c’est un piège, il faut absolument arriver par la route 46.
Je commence ma randonnée d’un bon pas, j’espère semer les touristes qui parlent trop fort juste derrière moi. On ne s’entend même pas admirer le paysage ici !

La randonnée commence au creux de la vallée. C’est herbu, boueux, il faut enjamber un petit cours d’eau, et c’est fort joli.
Je fais un détour pour aller voir une cascade, je manque de tomber dans la boue. C’est charmant.
Et puis l’ascension commence. Des panneaux, partout, mettent en garde sur la météo, enjoignent de rebrousser chemin au moindre changement de temps, et de retourner au parking au premier signe de fatigue.
Des escaliers en bois rendent la montée relativement aisée, et mènent jusqu’à un premier plateau. Là, un panneau indique qu’on vient de faire la partie “facile” de la randonnée, et que même s’il faut marcher 2h pour retourner au parking, pour atteindre l’autre versant du volcan, il faudra marcher 5 heures…
Puis les escaliers se poursuivent, escaladant les roches. A mesure que je grimpe, je me perds dans les nuages, et avec, le paysage disparaît.
Les roches volcaniques autour de moi sont lunaires, et il serait fort aisé de s’y perdre…


Alors que j’arrive dans le cratère du Tongariro, je suis perdue dans une brume épaisse. J’ai l’impression d’être sur seule sur Mars.
Cependant, je n’ai pas fait tout ce chemin pour planter des patates, et je ne distingue rien du paysage. Encore cette satanée météo néozélandaise qui me joue des tours ! Je marmonne et grince dans ma barbe.




Et puis, soudainement, une bourrasque de vent arrache les nuages et dissipe la brume. D’un coup, je me trouve entourée par le sommet rouge et enneigé du Ngauruhoe.
Ok, c’est pour ça qu’on fait cette randonnée.

Je continue à grimper, j’arrive effectivement à la partie compliquée, mais qui n’est que d’une courte durée. Il s’agit de monter le rebord du cratère, recouvert de sable et de pierre ponce : ça glisse énormément, les gravillons coupants se logent dans vos chaussures, et ça grimpe sec.
Pour mon plus grand divertissement, je croise un père de famille habillé avec un jean et des tennis de toile et une petite sacoche en cuir en bandoulière, qui escalade également le versant du volcan. J’ai l’impression qu’il est vêtu pour se rendre au bureau, et pourtant, nous sommes au sommet d’une montagne, il fait à peu près 4°C, et il y a des plaques de neige.

Ce spectacle est apparemment commun sur cette randonnée, où les touristes sont mal équipés et prennent mal la mesure de l’ascension d’un volcan pendant 7 heures… Sélection naturelle…
Au bout de quelques minutes, arrivée au point culminant, il faut redescendre, idem, dans cette poussière volcanique plus glissante et instable que du sable. Et si on tombe, c’est directement dans le précipice ou les bassins de souffre ! Ce tombeau sera votre tombeau !!!
Pourtant, le paysage vaut le détour…


Je croise des français, pour une opportunité photo. Attirés par la langue de Molière, un autre couple de randonneurs arrivent pour me demander également un shooting. Un troisième couple finit par se greffer. On pourrait presque prendre l’apéro.

Après une pause goûter bien méritée, je continue ma route le long du lac. Il ne faut jamais oublier de se retourner pour avoir un point de vue différent.

J’attaque les 5 derniers kilomètres, j’ai bon espoir de boucler la rando sous la barre des six heures.
Le problème de ces derniers kilomètres, c’est qu’on laisse derrière soit tous les points d’intérêts de la randonnée, et que la descente est interminable et ennuyeuse au possible.
Un autre randonneur entame une conversation; il faut bien s’occuper. Il est canadien, d’origine indienne. Son frère est devant, blasé par cette descente interminable, et termine la randonnée au pas de course pour en être débarrassé.
Mais il reste encore une heure à descendre ce versant de montagne, dans la toundra pelée… Puis la forêt ! Elle me surprend, je ne l’avais pas aperçue depuis le sommet !
Mary m’a préparé un tupperware (elle est vraiment TROP MIGNONNE !) dont je me régale sur le bord d’une cascade dans la forêt. Elle vaut la peine qu’on s’y arrête, même si vous êtes épuisés par la marche.
Je perds mon compagnon de papote, qui a fini par rejoindre son frère.
Arrivée au parking de la navette, il faut encore marcher un kilomètre pour rejoindre le parking où j’ai garé ma voiture ! Ouf !!
Je complète ma randonnée en 6 heures et demi environs, en comptant les pauses goûter et déjeuner et les apéros avec les français au sommet. Pas mal.
Et puis, comme j’ai fait la route, mon comparse de discussion m’a indiqué qu’il y avait la piscine de Gollum, à quelques minutes d’ici.

Il faut encore marcher une dizaine de minutes après s’être garé, mais là encore, c’est un endroit magnifique, et c’est avec délice que je plonge mes pieds échauffés dans l’eau glacée et turquoise.
“Ce que nous voulons, c’est du poisson…”


Instant cocooning : A côté de Turangi existent des sources d’eau chaude, avec la possibilité de louer un bassin privatif pour une demi-heure pour 14$ (bien assez suffisant car l’eau est à 40°C) : idéal pour chouchouter ses muscles après la randonnée !
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