Cap Reinga : le bout du monde du bout de mon monde

Le Cap Reinga est l’endroit le plus au nord de la Nouvelle-Zélande que vous puissiez atteindre.

Techniquement, le point le plus au nord sont les falaises de Surville, mais elles sont inaccessibles.

C’est aussi l’endroit où les âmes des morts s’envolent vers l’au-delà, dans la tradition Maori, plus précisément au niveau de l’arbre Pohutukawa : à plus de 800 ans, accroché contre vents et marées sur la falaise, il ne fleurit jamais. C’est Te Aroha, l’arbre des esprits.

Les âmes glissent le long de ses racines vers l’océan, avant de voyager vers les îles des trois Rois, et de rejoindre l’outre-tombe.

J’ai décidé de ne pas camper dans la baie des Esprits. Pas par peur des fantômes, mais parce que la route est indiquée comme peu carrossable.

A la place, je me rends à Taputaputa. Le camping, hors saison, fonctionne sur un système à l’honneur : on paie en ligne ou on glisse de l’argent dans une boîte sur place. Pas d’eau chaude, mais des douches, des toilettes, et une vue imprenable sur l’océan et une lagune à l’eau turquoise.

Pas de réseau ni de 4G non plus, sauf sur les rochers à l’extrémité gauche de la plage ou, tout à droite, à l’endroit où la mangrove rencontre la mer.

Il y a du monde, mais ce n’est pas bondé. Certains se baignent, le vent est trop frais à mon goût. Je préfère partir randonner.

L’allemand de l’île aux kiwis m’a retrouvée. Il n’est pas méchant, on a juste le même itinéraire. Je le préviens, histoire qu’il s’inquiète si je ne reviens pas.

Attention, cette randonnée grimpe énormément, et surtout, UNE PARTIE N’EST PAS ACCESSIBLE A MARÉE HAUTE.

J’ai mis 2 heures pour atteindre le phare. En arrivant là bas, j’étais épuisée, et il était déjà 17h. Pas forcément envie de rentrer par le même chemin, j’ai prié pour croiser des touristes qui pourraient me ramener.

Je ne savais pas à quoi m’attendre : l’endroit est certes touristique, mais reculé : en plus, tous les kiwis (les gens, pas les oiseaux) sont à table à 17h : et s’il n’y avait personne ?!

Je me suis précipitée vers le premier couple qui passait. Il s’appellent Mary et David et sont adorables. Ils me disent d’aller voir le phare, qu’ils m’attendront sur le parking.

Ils m’ont très gentiment ramené à mon camping, et m’ont également nourrie. Puis donné des avocats de leur jardin. Et enfin, donné leur numéro de téléphone, pour que je les appelle en cas de problème.

Ils m’ont demandé si j’avais besoin d’un tonton et d’une tata en Nouvelle-Zélande. Je me suis empressé d’accepter. Je suis invitée à aller chez eux au lac Taupo. J’ai été extrêmement touchée par leur gentillesse et leur prévenance, et encore plus parce qu’ils m’ont dit.

Ils m’ont expliqué qu’ils avaient des enfants en âge de voyager, et aimeraient que leurs enfants puissent également trouver l’aide dont ils ont besoin. Du coup, ils aident les enfants des autres. Ils incarnent le monde dans lequel ils souhaitent vivre.

Adresse : Taputaputa, douches froides, sanitaires, pas de réseau sauf aux extrêmités de la plage : donc payez en ligne avant d’arriver !

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