
Kaikoura, où les cachalots restèrent cachés, Christchurch et Sumner
Journal de bordJe ne pars pas bien loin. Je m’arrête à Pelorus Bridge, peu après Nelson. Je goûte avec délice aux eaux cristallines de la rivière. L’arrêt vaut la peine.
Je fais également un détour par Cable Bay. La route est belle, tortueuse, étroite, et elle a souffert des glissements de terrain. C’est sympathique, mais rien d’époustouflant. Je manque de m’enliser dans la baie avec mon van, alors je file, vite, vite, vite.
Je reviens sur mes pas, en direction de Blenheim. Je passe une heure dans la ville, mais celle-ci a oublié d’être intéressante.
Je retourne là où j’ai passé ma première nuit sur l’île du Sud, seul free camp que je connaisse dans le coin. J’y suis dévorée par les sand flies, mais la vue est toujours aussi belle.
J’ai décidé de m’offrir un tour des vignobles à vélo dans la région. Une demi-journée seulement, car bon, je vais pas faire toutes les caves en solo, et après, il faut bien que quelqu’un conduise.
Le lendemain matin, je m’impatiente : cela fait plusieurs fois que je constate que les horaires d’ouverture, ce sont plutôt des suggestions, mais quand on a réservé une demi-journée, et que celle-ci commence en retard, ça agace.

Enfin, je roule dans les vignes, avec mon casque et mon gilet jaune. L’avantage, c’est que c’est plat, et c’est joli.
C’est le matin, tôt, alors toutes les caves ne sont pas encore ouvertes. J’en choisis une au hasard : Bladen. Bonne pioche, c’est une exploitation familiale, et la dégustation est menée par le fils. C’est un peu plus personnel que les autres caves, où les cars de touristes asiatiques se déversent pour les dégustations.
Je n’arrive pas à me faire à leur Sauvignon Blanc ici (c’est dommage, c’est leur spécialité), mais leur Pinot Gris est un délice. Je découvre également avec curiosité qu’ici, le rosé est fait avec des vignes de pinot noir.
Je croise des mémés en goguette sur leur vélo, à demi-ivre. Elles viennent de Chicago, ou plus précisément, de Wilmette et d’Evanston, juste à côté de là où je vivais. Le monde est tout petit.
Alors que je rends mon vélo, je discute avec l’employé, qui est à la retraite mais continue à travailler pour s’occuper. Il adore mon projet de voyage, et est fasciné par le fait que je voyage seule. “Quand je verrai un documentaire sur vous à la télé, je pourrai dire, je l’ai rencontrée !”
Je pense que le documentaire sera plutôt réalisé sur lui, car, alors que nous discutons, une femme se précipite vers nous pour nous appeler à l’aide : les clés de la voiture sont enfermées à l’intérieur, avec son bébé dans le siège auto. Pas le choix, on casse la vitre, et l’enfant va bien. Je me jure de ne jamais acheter de voiture qui se verrouille automatiquement.

Les jours suivants, je tourne en rond dans Kaikoura.
Kaikoura est une ville étrange, un ancien port baleinier, prise entre la montagne et l’océan. Les anciens chaudrons qui servaient à faire fondre la graisse de baleine décorent la ville. Avec stupeur, je découvre des os de baleine sur la plage.

La route pour y arriver est merveilleuse, dramatique, et dévoile les chaînes de montagne sur la mer. J’ai dans l’espoir de faire une whale-watch, ma passion. Je n’ai de cesse d’arpenter le globe pour voir les baleines. Kaikoura est d’autant plus spéciale que c’est un des rares endroits au monde où il est possible d’observer des cachalots. Autant vous dire que je frétille d’avance.

Pourtant, la météo va me jouer des tours, et sur 5 jours, ma whale-watch va être annulée 5 fois. Je n’ai jamais réussi à mettre le pied sur le bateau : la décision revient au capitaine, et au dernier moment, ils ont toujours jugé la houle trop mauvaise.
Pourtant, certains bateaux partent, pas le mien. J’ai joué de malchance, et autant vous dire, j’ai le seum, comme disent les jeunes.
Je me console avec les otaries : Kaikoura abrite une colonie de plusieurs centaines d’otaries, qui jouent ou ronflent sur les rochers (voire sur le chemin de randonnée). Je passe des heures à les observer, goûtant au plaisir de pouvoir admirer ces drôles de bestioles à l’état sauvage, au simple détour d’un chemin.




Je m’égare lors de ma randonnée, dans un sentier au milieu des vipérines, et me retrouve dans une crique isolée : grand bien m’en a pris car j’y découvre d’énormes coquilles de Paua, ces gigantesques ormeaux typiques de la Nouvelle-Zélande.

La ville a pour spécialité la langouste, qu’elle sert à toutes les sauces, et au poids. Je me paie une demi-langouste dans un barbecue de bord de mer, sous l’œil vorace des mouettes. Un panneau alerte sur le fait qu’il ne faut jamais quitter son assiette des yeux. J’en fait les frais, alors que je suis distraite par le serveur, un goéland m’arrache ma carcasse de langouste et s’envole avec.
Heureusement, j’avais fini de la décortiquer (en plus, elle était caoutchouteuse. Kaikoura continue de me décevoir).

Toujours à espérer ma whalewatch, je redescends un ou deux jours sur Christchurch, dans l’espoir que la mauvaise houle passe, et remonter ensuite sur Kaikoura (qu’est-ce que trois heures de route pour aller voir des baleines, après tout !).


Je visite le centre de l’Antarctique, car Christchurch est une des bases de départ des expéditions polaires. Avec sa simulation de tempête polaire, sa rencontre avec des pingouins et des huskies, et son cinéma 4D (un mauvais futuroscope), on apprend au final assez peu sur la science qui s’y déroule, et c’est plutôt orienté pour les enfants.

Je passe la fin de la journée sur la plage, le van garé le long des dunes.
Le lendemain, je pars à la découverte de la ville, pensant y passer au moins deux jours.
Je visite Quake city, un musée poignant sur le tremblement de terre de 2010.
Je fais un détour par la gallerie d’Art (gratuite, et uniquement centrée sur des artistes locaux, j’adore).
Le musée de Canterbury que je voulais absolument visiter pour ses taongas (ses trésors) est fermé pour rénovation pour les prochaines années… Et leur petit “pop-up” musée qui doit montrer les collections principales n’était malheureusement pas encore ouvert.

Je déambule alors dans les allées du jardin botanique, m’égare dans les rues où les grands vides entre les immeubles sont des spectres des dégâts du tremblement de terre.
La cathédrale est encore éventrée, en lente reconstruction. En attendant, une cathédrale en carton, œuvre d’un artiste japonais, accueille les cérémonies.

Fatiguée de vivre dans les toilettes publiques, j’ai réservé deux nuits chez un particulier, pour garer mon van dans sa cours.
Finalement, n’ayant plus rien à voir en ville, et Lyttelton ne valant pas une excursion à la journée (seul point d’intérêt, la “timeball” qui tombe tous les jours à midi, et servant autrefois aux navigateurs à régler précisément leurs montres), j’annule ma seconde nuit et pars surfer à Sumner (non, il n’y a pas de faute de frappe…). Une brume intense s’est installée sur l’horizon, et il fait terriblement chaud. Les vagues ne sont pas merveilleuses, je pense que Raglan m’a ruinée pour tous les autres spots de surf du pays, mais la petite station balnéaire a du charme, et a l’intérêt de permettre le camping à peu près n’importe où, surtout en bord de plage.

Déçue par Kaikoura (scrogneugneu, mes cachalots !!) (en plus, j’ai crevé un pneu), et Christchurch, je pars vers Akaroa, où j’ai décidé que j’aurai le meilleur job du monde…
(vous avez vu ce teasing ??)
You may also like
1 comment
Calendar
M | T | W | T | F | S | S |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | ||||||
2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 |
9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 |
16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 |
23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 |
30 |
Leave a Reply