
Dans les méandres des Marlborough Sounds
Journal de bordIl fait déjà nuit depuis longtemps alors que j’embarque sur le ferry. J’avais prévu de voir le coucher de soleil sur le détroit de Cook, mais nous avons 3 heures de retard. Heureusement, la tempête s’est calmée – juste un peu, et la houle est toujours présente.
Le ventre métallique du ferry grogne, il est presque 23 heures, et je trouve une place dans une des cafétérias, proche de la fenêtre, et d’une prise électrique.
Je demande à la personne qui me sert mon thé comment se sont passées les traversées précédentes. “Sportives; surtout ce matin.”.
On plonge dans les vagues dans l’obscurité. Je sens la chute dans mon estomac, comme lorsque l’on manque une marche dans un escalier, ou que la montagne russe descend un peu trop vite.
Au travers de la vitre, il n’y a que la nuit, et aucun repère.
Je tape quelques articles sur mon pc pour faire passer le temps, et oublier la tempête qui chahute le navire. Enfin l’île du sud nous protège, et apporte une douce accalmie. La dernière heure est remarquablement tranquille.
Il est plus d’une heure du matin lorsque je descends du ferry, et je dois encore prendre la route pour trouver un endroit où dormir. Pas de free camp à Picton ! Je sais où je vais, sur les rives d’un estuaire près de Blenheim. Il faut compter vingt minutes de route, et c’est dans ces moments-là que je regrette un peu d’être seule, car il n’y a personne pour prendre le volant à ma place ou m’aider à me tenir éveillée.
Enfin, je trouve facilement une place dans le champ immense qui borde la rivière, malgré une dizaine d’autres vans et campings-cars. Je ne suis pas regardante, je veux juste dormir !

Lorsque je rouvre les yeux, je découvre enfin l’île du sud. On m’avait prévenu : “c’est différent, tu verras, c’est comme changer de pays !”. C’est vrai, la végétation a changé : moins de jungle, les montagnes sont pelées, et je découvre les vipérines.
A côté de la rivière, il y a des champs de vignes, à perte de vue. Je les visiterai, mais plus tard.

Je sais à peu près ce que je veux voir sur l’île du sud, les grandes étapes, mais le reste, c’est flou. Je sais que j’ai un woofing à Marahau une semaine plus tard, donc je ne peux pas quitter trop la région. Mais en attendant, le flou, et avec, la liberté !
Une étude de la carte routière entre deux tartines de petit déjeuner me fait découvrir une route qui serpente le long des sounds, qui fait tout le tour de la côte.
Il faut prendre la direction de Robin Hood bay, puis Port Underwood, et on revient vers Picton. Comptez deux heures, et de nombreux arrêts photos, car la route vous donne une vue à couper le souffle sur les vallées et les Sounds, ces espèces de fjords typiques de la région. La route est en gravier, mais large et sans nid de poule.

J’explore Picton, petite station balnéaire envahie par les hordes de touristes descendants des ferrys et des bateaux de croisières. La ville en elle-même n’est pas très intéressante (c’est malheureusement le cas de la plupart des villes ici !), ses alentours en revanche regorgent de points de vue abrités donnant sur des baies aux eaux cristallines, et ce paysage étrange de presqu’îles qui avancent dans la mer et se replient sur elles-mêmes.

La région des Marlborough Sounds est peut-être mieux visitée par la mer que par la terre. En effet, les routes sont rares, étroites, sinueuses, et très souvent endommagées voir complètement coupées. En conséquence, les habitants de la région habitent en bord de l’eau, et sont reliés à la ville par bateau. Chacun à son ponton. Je fais une excursion avec la bateau de la poste, c’est plutôt populaire ici. Pendant trois heures, on fait la tournée de livraison des colis, courses, bagages, auprès des maisons, mais aussi des hôtels. C’est un petit monde fascinant, isolé, recouvert par une forêt épaisse.


Certaines maisons ne sont guère que des cabanes. D’autres sont des lodges de luxe. Tous, lovés au bord de l’eau émeraude.

Je passe la nuit à Aussie Bay, dans un camp du DOC.
Je continue la route le long de l’eau, je traverse Havelock, la capitale de la moule (verte).
Et puis c’est la direction de Nelson, où j’espère faire de la planche à voile, ou peut-être je vais m’arrêter un peu.
Finalement, la ville ne m’attire pas (notamment parce que le club de planche à voile facture à 40$ de l’heure la location de matériel, oh, comme je te regrette, Tauranga !).
Je suis indécise, pas bien sûre d’où est-ce que je dois aller, ensuite, si j’ai le temps d’aller jusqu’à Farewell Spit, ou si même cela vaut la peine.
Comme le hasard fait bien les choses, c’est ainsi que je rencontre Tom, sur un parking.
Car oui, c’est ma vie maintenant, je rencontre des mecs sur les parkings et ici c’est normal.
Tom est tchèque, et connaît bien la Nouvelle-Zélande, cela fait des années qu’il l’arpente. Alors, l’île du Sud, il connaît comme sa poche ! Il me montre que je n’utilise pas toutes les options et tout le potentiel de mon appli Campermate. Il me fait une liste de tous les endroits qu’il adore, ses petites découvertes, les spots sympas où dormir. Il me dit où je ne dois pas perdre de temps, et là où au contraire cela vaut la peine de s’arrêter.
Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi bavard; on parle pendant trois heures, je prends des notes sur son itinéraire. On compare nos aménagements de van, il prend des notes sur le mien.
Le lendemain matin, il frappe à la porte de mon van avec une théière à la main. On discute encore pendant deux heures, il a toujours quelque chose à dire. On finit par prendre la route, chacun dans un sens, et moi, avec mon itinéraire tout tracé… en direction de la Golden bay !

You may also like
Calendar
M | T | W | T | F | S | S |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | |
7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 |
14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 |
21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 |
28 | 29 | 30 |
Leave a Reply