
Roadtrip à travers le Coromandel – De Thames à Port Jackson
Journal de bordEn quittant mon woofing, j’ai tenté le covoiturage. Une allemande, mon âge, qui avait besoin de faire Auckland-Thames.
En quelques messages facebook, j’ai tout de suite su que je faisais une erreur. En quelques messages, elle me propose déjà de devenir partenaires de voyages.
Une fois dans ma voiture (elle est en retard), elle m’explique sa vie. Cela fait trois mois qu’elle est en Nouvelle-Zélande, elle travaille dans un pub et une auberge de jeunesse pour avoir de l’argent. Mais en trois mois, elle n’a pas assez pour s’acheter un van.
Elle est également déjà prise dans un triangle amoureux. Sa vie semble… compliquée. Elle me raconte également qu’elle voyageait avec un ami, avant, mais qu’il a fini par la lâcher. Elle était triste, et ne comprenait pourquoi.
Cela fait trente minutes qu’elle est sur mon siège passager, et pour moi la raison est plutôt claire…
Elle part en randonnée (The Pinnacles, un massif montagneux au milieu de la péninsule de Coromandel. La randonnée se fait sur toute la journée, et les gens passent en général la nuit en haut de la montagne), et a trop de bagages, donc elle essaie de trouver un hôtel à Thames qui acceptera de lui garder ses sacs pendant au moins deux ou trois jours.
Elle a également un taser (chose illégale en Nouvelle-Zélande, je ne sais pas bien comment elle se l’ait procuré), et plante sa tente en camping sauvage pour économiser (également illégal, un peu moins que le taser cela dit).
Je ne garderai pas ses bagages, et lui propose d’aller voir au presbytère s’ils veulent bien lui garder ses sacs. Ils acceptent, elle se précipite, les affaires qu’elle devait effectivement laisser ne sont pas dans un sac à part.
Mais bon, je ne juge pas mon prochain, et comme en plus je suis sympa, je l’emmène au pied de sa randonnée. Le coin est joli, c’est un sacré détour, mais j’ai un peu de temps.
Quand vient l’heure de lui demander de participer aux frais d’essence, elle me dit qu’elle n’a pas d’argent liquide.
J’attends toujours son virement…

Je suis à Thames, comme la Tamise, en anglais, car Cook, le navigateur, pensait que les berges de la mer ressemblaient aux berges du fleuve londonien. En mangeant mon sandwich à l’avocat sur la plage, et contemplant les montagnes au loin, je n’en suis pas convaincue.
Après une nuit à Tapu en camping gratuit (bondé, mais chouette, en bord de mer) je continue ma route : mon objectif est de remonter tout au nord, jusqu’à Port Jackson.
Je m’arrête à Coromandel, petite ville qui n’attend que les touristes. Un stop à la pharmacie s’avère nécessaire, j’ai besoin de m’armer contre les moustiques et le soleil. C’est là que je fais la connaissance du “DEET”; j’ai innocemment pris une bouteille d’anti-moustiques sur l’étagère, mais en y regardant de plus près, l’emballage indique qu’il ne faut surtout pas mettre le produit en contact avec le plastique : cela le fait fondre… La pharmacienne me dirige vers un mélange plus naturel.
Enfin, je m’élance vers Port Jackson. L’endroit se mérite, ce n’est que 30 kms au nord, mais la route n’est que de graviers, étroite, et au bord de la mer – puis, de la falaise.
Mais qu’elle est belle, cette route côtière ! Sauvage, isolée, sous les frondaisons des Pohutukawa qui sont sur le point de fleurir.




Enfin, j’arrive au camping, désert, calme, paradisiaque. Une grande baie d’eau turquoise et tiède, avec du sable fin.
Le temps ici, a ralenti.
Un de mes voisins a mis son chapeau de paille, a installé son siège sur la plage, et pêche pendant de longues heures, l’air heureux, ou plutôt, serein et content.
Dans le camping-car à ma droite, un couple âgé rigole à chaque fois qu’ils vont se baigner.
Je m’installe dans mon transat face à la mer. Fini de courir après le temps, après les randos, les visites. Je goûte à mon premier soleil d’été.

Après une divine après-midi dans l’eau, alors que je cuisine, je vois deux jeunes qui s’approchent de moi, d’un pas décidé.
Ce sont deux jeunes allemands, qui ont clairement décidé de venir taper la causette, mais au bout de quelques phrases, je découvre rapidement qu’en venant me voir, ils n’avaient aucune idée de ce dont ils voulaient parler.
Cela me fait rire.

Le lendemain matin, alors qu’ils émergent vers 10h, je leur dit que s’ils sont prêts dans les dix prochaines minutes, ils peuvent venir en rando avec moi. Branle-bas de combat.
La randonnée est courte, elle fait le tour de la pointe et revient par la route, entre les champs d’Angus et les mouton, qui nous regardent passer d’un air curieux.
Nous croisons un couple qui a peur de traverser une rivière avec son van, pour aller plus loin sur la route. C’est un van de location, je comprends l’hésitation. Les allemands avec moi sortent leur téléphone : “vas-y, prends de l’élan !”
Le van est passé. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils feront une vidéo virale.
Je reste deux jours à Port Jackson. Je prends le temps, je goûte à l’heure dorée en jouant de la guitare. Le soleil est très doux.
C’est un endroit spécial, Port Jackson.



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