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Written by Heliofox on November 17, 2022

Une semaine à Mangawhai

Journal de bord

Ce n’est pas la première fois que je fais du woofing (big up la Mazraa).

Pour ceux qui ne connaissent pas, le principe, c’est de vivre dans une ferme biologique (en général), et en échange d’un travail de 5 heures maximum par jour, on a le gîte et le couvert. Cela se fait dans le monde entier (sauf aux Etats-Unis, pour des histoires de visa), et c’est basé sur un état d’esprit d’échange culturel.
Je venais de lire des histoires pas très rassurantes sur les groupes facebook de backpackers sur des personnes se faisant exploiter (non respect des heures, pas assez à manger etc…), et les gentils kiwis que j’avais rencontré au cap Reinga m’avaient confirmé que parfois, le travail demandé était bien trop important pour du simple woofing.
La personne chez qui je me rendais ce lundi matin n’avait pas d’avis sur le site de woofing que j’utilise (Workaway), alors, ça pouvait aller dans un sens comme dans l’autre…

Et je n’ai pas été déçue !
Wendy possède une maison et plusieurs acres de terrain sur le flan d’une colline, près de Mangawhai, à environs une heure au nord d’Auckland. Elle y habite depuis sept ans, et a entrepris de transformer ce terrain en havre de biodiversité, grâce à la permaculture.
Sur ce terrain, elle a déjà planté des milliers d’arbres natifs et de fleurs, creusé un étang, planté un verger de pommiers, cerisiers, noyers, bananiers, nectarines, citronniers, et son potager.
Elle sait qu’elle n’arrivera pas à se nourrir de manière autonome, et que cela force à ne pas manger de manière trop variée (j’arrive à la fin des brocolis, mais pile à temps pour les asperges) mais son jardin est sa passion.
Elle m’accueille avec une tasse de thé d’une herbe locale (kawa kawa, ça pique…), et en profite pour me présenter son domaine. A mes pieds se déroule une mer de capucines, d’herbes folles et d’arbres natifs dont j’ai déjà oublié le nom (à part le cabbage tree, mais aucun rapport avec le chou).
Elle m’explique que sa forêt, qu’elle a planté à la main, fait ressurgir toutes les graines présentes dans le sol depuis des décennies, et qui, dans le sous-bois, trouvent enfin les conditions dont elles ont besoin. Ces premiers arbres, rustiques, petits, solides, vont permettre aux arbres plus grands, mais plus fragiles, de pousser.

Elle me montre mon petit chez moi pour cette semaine (et en vérité, l’argument qui m’avait fait demander un woofing chez elle) : une petite maison de hobbit, ronde, dont l’intérieur tapissé de lambris sent terriblement bon. Une seule et unique fenêtre ouvre sur le jardin, avec une vue fantastique sur les collines, comme un grand poster végétal.
Oubliez la télé, je veux passer des heures à regarder par cette fenêtre.

Enfin, il fait beau, alors, on ne perd pas de temps, et on commence par… eh bien… étendre du fumier. Fientes de poules et crottin de cheval sont au menu. C’est très odorant (pardon, non, ça pue), et les sacs sont lourds. Il faut les transporter (vous vous rappelez du flan de colline ? Ben mes cuisses aussi !), et les répartir au pied de chaque arbre du verger.
Je gagne tout de suite un nouveau respect pour Wendy, qui n’a plus vingt ans, et fait tout ça toute seule.
J’en perds mes lunettes de soleil (elles sont sans doute encore quelque part dans les hautes herbes…).
On en profite pour discuter.

Wendy a un parcours de vie atypique. Elle a épousé un allemand, et a toujours voyagé (beaucoup en Inde, et quelques années en Allemagne). Ils ont toujours eu cette vision de permaculture, et elle a exercé beaucoup de métiers pour suivre ce mode de vie : conductrice de bus scolaire, jardinière, assistante d’élèves handicapés à l’école…..
Elle me raconte ses mois en Inde, à manger de la soupe d’ortie tous les jours (coucou Rani, je sais tout).

Heureusement, au déjeuner, ce n’est pas soupe d’orties. Elle me présente sa fille Rani, et son ami Timothée, qui viennent de déménager en Nouvelle-Zélande, et qui habitent chez elle en attendant de trouver un travail; lui en tant qu’architecte, elle en tant que styliste.
Chacun alterne la cuisine des repas. Laissez-moi vous dire tout de suite que j’ai bien mangé, et surtout, plein de fromages. Je me rends compte qu’une semaine de camping à manger du gouda en tranche, c’est chouette, mais manger plein de fromages sur du chutney de mangue, du pickles de chou-fleurs, et du pain fait maison, c’est mieux.

Mangawhai heads cliff walk

Je termine mon après-midi à désherber un lit d’asperges, et le recouvrir également de fumier.
Ensuite, la pluie s’installe.

Et elle va s’installer… longtemps.
Durant toute cette semaine, il va pleuvoir des cordes. Nous avons essuyé une tempête, qui a provoqué inondations et coupures d’électricités. Nous n’avons pas eu de courant pendant un jour et une nuit.
Alors, on a joué aux cartes. Mangé des crêpes. Joué de la guitare (Timothée nous apprend le flamenco). On a visité le centre ville de Mangawhai (woohoo), et surtout Benetts (un chocolatier local. Les kiwis sont gourmands, et leur chocolat est très bon, déso les suisses. Si vous passez par Mangawhai, faites un détour par Benetts, et mangez du chocolat honeycomb pour moi svp).
Nous sommes allées nous baigner avec Rani, dans le Pacifique.
Sur la plage, on croise une mère et sa fille de douze ans, hollandaises. Elles vont marcher pendant six mois, et sont parties de Cap Reinga, tout au nord, en direction de la pointe sud de l’île du sud. C’est le Te Araroa.

On voulait surfer, mais les conditions n’étaient pas là.
On a fait du shopping dans des opshops, les magasins de seconde main, ma nouvelle passion. Nous sommes allées acheter du pastis, et du rhum pour nos crêpes. Forcément, on a fait chou blanc au Super Liquor Store (une chaîne qui vend de l’alcool, les supermarchés n’ayant pas forcément la bonne licence pour vendre des spiritueux), alors nous nous sommes rendues chez un caviste local. Ce dernier est en fait un ancien prof de français. Après l’avoir humé plusieurs fois, il nous offre la lampée de rhum nécessaire pour nos crêpes, à l’œil. Il me demande d’où je viens. En apprenant Nantes, il s’exclame en parfait français : “Ah mais vous n’êtes pas française alors ! Vous êtes bretonne !”. Un homme sage. Comme quoi ils sont cultivés les kiwis.

Wendy nous a également emmené chez un de ses amis, architecte, qui possède aussi un jardin formidable, dans tous les sens du terme. On porte quelques sacs de fumier, et il nous offre des muffins faits maison. Je remarque son Monstera dans son jardin, absolument gigantesque. Il me demande si j’ai déjà goûté son fruit.
Bon les Monsteras, dans nos salons, faut oublier, ils ne fleurissent jamais. J’ai déjà vu ses fleurs dans la nature aux Canaries. Mais ses fruits ?! Quelle merveilleuse découverte ! C’est un mélange de banane et d’ananas, ils l’appellent le fruit salade de fruits, car son goût et sa texture sont indescriptibles, et rappellent tous les fruits à la fois ! Pour moi, ça a un goût d’ananas très sucré.
Il faut attendre qu’il soit parfaitement mûr, sinon les enzymes sont trop piquantes pour en permettre la consommation (comme un ananas, mais pire). Ça se présente comme un épis de maïs, et chaque grain est une bouchée du fruit. Il faut être patient, et oubliez l’idée d’en trouver au supermarché.
Je rêve d’en manger encore.

Quand la tempête se calme enfin, je découvre les bruits de la nuit : autour de ma hutte de hobbit rôde un opossum. Parfaitement inoffensif pour nous les humains, dangereux pour la faune locale (ils ont été introduits depuis l’Australie pour leur fourrure, et dévastent tout en Nouvelle-Zélande). Ses cris, ses râles, sont terrifiants.

Je remarque aussi, une fois la vue dégagée, que l’on voit la mer, du haut du domaine de Wendy. J’irai faire une randonnée le long des falaises. Mais en attendant, nous devons pailler tous les arbres. Un travail fatiguant, mais qui à trois, nous prend à peine une heure. En contemplant Wendy sur son tracteur, je me demande si elle est jamais découragée par ce travail gargantuesque. Mais à voir ses hectares de terrain, non. Cela prend juste un peu plus de temps.

Et le travail dans tout ça, me direz vous ? Ben… Ça n’a pas été très intense. J’ai porté des sacs de fumier, j’ai désherbé un peu, nettoyé un peu les vitres, transplanté des agapanthes.
J’ai surtout mangé, et on a bien rigolé.
Je suis très heureuse d’avoir trouvé ma famille kiwi-allemande-française.

Enfin, il faut partir. J’ai attendu que la météo s’arrange avant de reprendre la route vers Coromandel (connue pour ses plages, il vaut tout de même mieux découvrir la péninsule sous le soleil). Wendy me cuisine du Palak Paneer, et me laisse en emporter une boîte, pour mon prochain dîner en camping.

A très bientôt 🙂

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Tags: Aotearoa, Journal de bord, Mangawhai, NZ, voyage, woofing

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